DANIELLE ARBID

Marraine de La Fabrique Cinéma de l'Institut français 2021

Je suis venue présenter mon premier long métrage Dans les champs de bataille en 2004.
Je suis restée trois jours. C’était la première fois. Je ne saurais dire ce que j’ai ressenti. Mais la magie était palpable dans l’air. Je n’ai pourtant pas assisté à des fêtes exceptionnelles ni particulièrement rencontré de stars, mais chaque recoin de cette ville exhalait le cinéma. Et les souvenirs du cinéma… comme si chaque pierre parlait.
J’ai réalisé des films dont la plupart ont été montrés à Cannes. Et parfois le stress et la violence étaient tels que je me jurais de ne plus y remettre un pied. Puis il y a eu cette année blanche de confinement, l’année 2020, où mon film Passion Simple se trouvait en sélection officielle virtuellement puisque le festival n’a pas eu lieu. Cette année, j’ai compris que le cinéma sans le festival de Cannes, c’est comme une fête sans musique. J’ai mesuré le vide. Nous l’avons tous mesuré.
Rêver son film à Cannes c’est grisant mais aussi perturbant... Réaliser des films pour les montrer un jour dans une sélection du festival est un moment unique qu’aimeraient vivre de tous les cinéastes du monde. Mais un film c’est d’abord une passion ressentie à la première page d’un scenario, concrétisée contre vents et marées et vécue ardemment avec une équipe et des acteurs. Un film c’est un acte de foi. Ne jamais flancher, ne jamais plier et aussi grandiose que le Cinéma peut avoir l’air, rester fidèle à ses rêves coute que coute. Surtout ne jamais les lâcher ! C’est un peu ma devise et j’espère pouvoir la partager avec les cinéastes et producteurs que je rencontrerai cette année à la Fabrique.
Quelles que soient les difficultés survenues, le défi de les relever peut s’avérer encore plus jouissif. Le goût du combat compte plus dans la réalisation d’un film que la victoire. La prise de risque surtout, qui va avec. La victoire peut s’exposer sur un tapis rouge, dans le plus beau festival du monde, mais c’est le combat pour y arriver qui compte…
 
 
BIOGRAPHIE
Danielle Arbid est née à Beyrouth, elle vit en France. Elle réalise des films depuis 1997. Ses films de fiction, PEUR DE RIEN, UN HOMME PERDU, DANS LES CHAMPS DE BATAILLE,ont été sélectionnés à Cannes, Toronto, NY, San Francisco, Locarno, Pusan, Tokyo, etc. Elle a été récompensée successivement par le Léopard d'Or vidéo au festival de Locarno pour la série CONVERSATION DE SALON et par le Léopard d'Argent pour SEULE AVEC LA GUERRE. Elle a reçu aussi le Prix Albert Londres et le prix Europa de la Quinzaine des réalisateurs et le Grand prix du festival de Milan et encore la Villa Médicis hors les murs… Son travail a fait l'objet de plusieurs rétrospectives dans le monde (Gijon / La Rochelle / De Popoli...).  
Elle vient de terminer PASSION SIMPLE son quatrième long-métrage de fiction, adaptation du roman éponyme d’Annie Ernaux, en Sélection officielle au festival de Cannes l'année dernière et en Compétition au festival de San Sebastian 2020, dont la sortie française est prévue en août 2021.   
Danielle Arbid alterne les fictions, et les documentaires à la première personne. Dans ce dernier cadre, elle travaille depuis des années sur un projet composé d'une dizaine de films, intitulé MA FAMILLE LIBANAISE autour de sa famille.
 
Photo © Lucia Hunziker

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