MIDI Z
Parrain de la Fabrique Cinéma 2022 de l'Institut français
Quand vous faites un bilan sur vous-même, repensez à votre passé, car vous êtes peut-être le fruit des actions volontaires ou involontaires que vous avez commises au fil des années.
Il y a dix ans, Adieu Mandalay était sélectionné à La Fabrique Cinéma de l’Institut français. Le 16 mai 2012, j’arrivais à Cannes. Il faisait si beau que j’avais envie de me baigner dans la mer ; une promenade sur la plage aurait déjà été agréable. Une semaine plus tard, j’ai quitté Cannes sans m’être baigné ou promené. En fait, je ne savais pas nager, mais c’était surtout parce que j’avais sans cesse des réunions, en plus des master class. Je me souviens qu’un jour, j’ai participé à quinze réunions, durant lesquelles j’ai parlé à des gens qui travaillaient dans tous les domaines de la réalisation. J’ai beaucoup appris lors de ces échanges, et cela m’a aidé à mieux comprendre les libertés et les contraintes liées à la réalisation. Ce genre de prise de conscience est particulièrement importante pour les réalisateurs comme moi qui exigent d’avoir une liberté artistique tout en travaillant dans une région où l’on impose aux films d’innombrables contraintes. On doit être conscient de ces contraintes et y trouver une forme de « liberté ».
En un clin d’œil, dix ans ont passé.
En 2019, je suis revenu à Cannes avec Nina Wu. J’avais beau avoir appris à nager, je n’avais toujours pas le temps d’y aller, mais au moins, je suis allé me promener, en me sentant chanceux de pouvoir continuer à faire des films.
En 2020, la pandémie mondiale m’a empêché de tourner un nouveau film. En 2021, les troubles politiques en Birmanie ont compromis un autre film devant se dérouler dans le pays. Pendant ce temps, toute ma famille et mes amis restés chez moi avaient le COVID, et j’étais extrêmement angoissé. Je me sentais impuissant face à l’imprévisibilité de ce monde. Puis j’ai compris que faire des films était la seule chose que je pouvais apporter au monde, et je me suis donc mis à écrire un nouveau scénario. Je me sens tellement passionné, comme si j’étais redevenu le novice assis dans le pavillon de La Fabrique, qui buvait du café, contemplait la mer et se préparait à affronter toutes les difficultés. Nous sommes voués à croiser toutes sortes de contraintes, mais je crois que nous finirons par y trouver une forme de liberté.
In 2022, Midi Z, parrain de la Fabrique accompagnera à son tour 10 réalisatrices et réalisateurs dans le développement de leur premier ou second long métrage.
BIOGRAPHIE
Midi Z est né en 1982 à Lashio (Birmanie), à la frontière chinoise. Midi Z part étudier l’imprimerie et le design industriel à Taiwan à l’âge de 16 ans, avant d’apprendre à faire du cinéma en autodidacte. Fort de son intérêt historique pour la diaspora chinoise et sa propre expérience de déracinement, il décrit les réalités de la vie des communautés sinophones en Birmanie. Il s’est intéressé à des questions comme le trafic de drogue, l’immigration illégale, les mines de jade et l’extrême pauvreté. Doté d’un faible budget pour ses productions, il doit aussi travailler dans un contexte de censure du gouvernement birman. Malgré cela, ses œuvres pleines d’énergie révèlent une rigueur formelle, une structure narrative méticuleuse et un travail de caméra élaboré. Puisant son inspiration dans son expérience personnelle, il a développé un style distinctif à travers ses portraits authentiques, intimes et remplis de compassion pour les gens qu’il filme.
Son premier film, Return to Burma (2011), est nommé dans la section New Currents du Festival international du film de Busan et au Festival international du film de Rotterdam. En 2014, son film Ice Poison est sélectionné à la Berlinale et gagne le prix du meilleur film international au festival d’Edimbourg, représentant également Taiwan aux Oscars. En 2016, Adieu Mandalay gagne le prix FEDEORA du meilleur film à la Mostra de Venise. Midi Z a également réalisé trois documentaires, dont City of Jade, présenté à la Berlinale 2016 et nommé dans la catégorie Meilleur Documentaire aux Asia Pacific Screen Awards et au Taipei Golden Horse Awards, en plus de s’être vu décerné une mention spéciale au Festival international du documentaire de Yamagata; et 14 Pommes, présenté à la Berlinale en 2018. Son dernier film en date, Nina Wu, a été sélectionné au Festival de Cannes en 2019.
Picture © Seashore Image Productions